« Si les pouvoirs publics continuent à se fournir en Asie, sur les 10 000 emplois créés, ceux qui n’ont pas été déjà, hélas, détruits, sont menacés à court terme. »
La filière française mise en place lors de l’épidémie du Covid est menacée de disparaître, et avec elle des pans entiers de réindustrialisation. C’est une réelle menace pour notre souveraineté sanitaire.
Le Syndicat des Fabricants Français de Masques (F2M) lance une alerte sur la gravité de la situation actuelle après des investissements lourds. Encouragées par l’État au nom de notre souveraineté sanitaire, les entreprises ont mis en place des outils industriels, souvent très coûteux. La crise de la Covid-19 a mis en évidence la nécessité d’une industrie française indépendante pour répondre aux besoins sanitaires urgents en mars 2020. L’État s’est alors mobilisé ainsi que des industriels français.
Rapidement, les entreprises françaises se sont engagées à produire des masques de qualité, mais également à fabriquer toutes les matières premières nécessaires. Fin 2020, une capacité suffisante était en place pour répondre aux besoins. Malheureusement, les services d’achats de l’État ont continué de se tourner vers des produits d’importation, notamment provenant de Chine et fortement subventionnés par les autorités de Pékin. Il faut dire que le prix de vente d’un masque chinois est de 2 centimes contre 4 à 5 centimes pour un masque made in France. En 2021 et 2022 plus de 90% des appels d’offres hors santé ont été attribués à des importateurs. Pourtant, en janvier 2022, un guide des achats publics et privés prévoyant des critères de préférences européens et intégrant les enjeux environnementaux a été diffusé.
Aujourd’hui, ces critères sont mal appliqués, et cela menace l’existence même de la filière française de masques. Pourtant, la filière française :
1. Assure la sécurité d’approvisionnement : notre pays possède sa souveraineté sanitaire depuis fin 2020;
2. Répond aux enjeux environnementaux : la production locale permet de réduire considérablement l’empreinte carbone ;
3. Garantit la qualité et des normes contrôlées : le guide des achats a fixé des normes de qualités strictes, régulièrement vérifiées par des organismes et scrupuleusement respectées par les fabricants français, ce qui est « aléatoire » pour des produits d’importation ;
4. A recréé des Savoir-Faire ;
5. A permis la création jusqu’à 10 000 emplois et leur redéploiement en cas de crise ;
6. Contribue aux finances publiques : la production locale génère une valeur ajoutée pour l’économie française.
La mobilisation constatée pendant le Covid n’est plus qu’un vieux souvenir. Pour la filière, la situation actuelle vire au cauchemar :
1. Les appels d’offres privilégiant l’importation, les entreprises françaises se sont retrouvées à l’arrêt ;
2. Les prix de revient actuel en France sont pourtant quasi-identiques aux prix asiatiques d’avant Covid ;
3. Fin 2023, la moitié des industriels ont été liquidés ou ont arrêté définitivement leur activité masques, la quasi-totalité des fabricants restants a stoppé la production.
Sans réaction forte de l’État et des acheteurs, l’ensemble de la filière disparaîtra d’ici 3 à 6 mois et les investissements de l’État et privés (plusieurs dizaines de millions d’euros) seront perdus. La sécurité sanitaire ne sera à nouveau pas assurée.
Le Syndicat portera la voix des Fabricants Français et interpellera les pouvoirs publics, le Gouvernement, les Élus de la République, les citoyens français, sur les conséquences de la disparition d’une filière qui a su renaître et montrer la capacité de notre pays à réindustrialiser la fabrication de produits stratégiques, plus vertueux que ceux d’importation et plus soucieux de l’environnement.
Le Syndicat souhaite aussi fortement insister sur un enjeu à court terme, le maintien de la TVA dérogatoire à 5,5%. Cette mesure, instaurée en 2020 et prorogée chaque année dans le Projet de Loi de Finances, demeure essentielle dans cette période d’inflation, également afin de ne pas augmenter l’écart entre production locale et importation et ainsi de permettre la compétitivité française. Nous appelons les membres du Gouvernement, les élus de la République, les citoyens français et les médias à se joindre à nous pour défendre cette filière essentielle pour notre sécurité et notre souveraineté sanitaire.
Ensemble, faisons entendre la voix du « Fabriqué en France ».
Les Fabricants Français de Masques (F2M)